D'âmes, de coeur et de plume

D'âmes, de coeur et de plume

Cérémonie au cœur de la forêt

 

Une brise légère me caresse le visage, je foule la terre riche, humide et odorante d'un pas souple et sûr. Je respire tranquillement, à mon rythme, entrant petit à petit dans un état de paix intérieure. Je me rends dans un lieu au cœur de la forêt, un lieu que j'ai déjà visité en rêve. J'écoute le murmure des feuilles, comme mille prières chuchotées, puis atteins une clairière. Elle m'apparaît parée de verts et de bruns, féerique. Oui, c'est bien là.

 

Je pose mon sac à terre, il contient mes « trésors ». Je me centre, entre encore davantage en contact avec les énergies du lieu. C'est une sensation étrange et fluide, un peu comme évoluer dans un univers liquide. J'ai conscience de mon corps jusqu'au bout des doigts, la vie est là, présente, partout. Dans un mouvement, une danse, j'évolue en suivant les lignes d'énergie et les courants chauds et frais qui animent cet endroit. J'honore notre Mère et les éléments. Ma danse me guide vers les pierres qui vont m'aider à constituer ma roue : quatre pierres pour les quatre points cardinaux. Pour chacune d'elles offerte par le petit peuple, je laisse une pincée de maïs. En faisant cette cérémonie, je renoue avec une tradition ancestrale commune aux femmes. Nous avons toujours su communiquer avec la Terre et l'honorer comme une mère. Comme elle, nous contenons le grand vide dont toute chose est née. En d'autres temps, j'aurais sans doute été condamnée pour oser célébrer une telle cérémonie, pour oser communiquer avec les esprits de la nature. Mais les temps ont changé et je n'ai pas peur. Au pire, on pourrait me prendre pour folle, mais pas pour dangereuse. Humm… Qui sait ?

 

Les quatre pierres posées, j'entre dans la roue par l'Est et ferme symboliquement la porte d'un souffle de sauge. Puis je viens m’asseoir au centre en quête de lumière pour mon obscurité. Cette roue est mon temple et une représentation de tout ce qui me compose. Gagnée par un profond sentiment de respect pour la vie et pour tout ce qui m’entoure, je respire calmement.

 

Le moment est venu de sortir de mon sac les objets que j'ai confectionnés et ceux que j'ai apportés tout spécialement pour la cérémonie d'aujourd'hui. Ils sont rangés dans des pochettes sur lesquelles j'ai brodé des symboles. Je les ai fermées à l'aide de rubans qui contiennent des prières. Avec soin, je dépose devant moi ma poupée-ombre qui porte sur elle ce que j'ai identifié et dont je souhaite faire le deuil. Je place aussi des cristaux et puis mon tambour. Tous ces objets sont mes trésors. Enfin, j'appelle à moi mes gardiens et mes animaux de pouvoirs, salue les quatre directions, puis, prenant une grande inspiration, j’exprime mes demandes. Je sens maintenant l’émotion à fleur de peau, cependant je sais que je dois demeurer attentive. Une fois mes pensées apaisées, je m'ouvre à l'inspiration de la Grande Sage en moi. Quelles sont les illusions encore à libérer aujourd'hui ? Quels sont les voiles à soulever ? Je m'ancre dans mon corps et me laisse porter par les ailes de l'esprit, puis m'assoupis, un peu étourdie, sur la rondeur tiède du ventre de ma mère, la Terre.

 

Le soleil, haut dans le ciel, tombe maintenant sur moi comme une épée de lumière au centre de la clairière. L'énergie afflue dans ma colonne vertébrale alors que je m’éveille, puis je sens une tension s’installer dans le creux de mes reins et une grande chaleur au sommet de mon crâne. Mon ego s'inquiète de ces sensations. Je ne cède pas, j'ai confiance. Et puis un sourire étire doucement mes lèvres, car ma vision semble s'élargir et pourtant se précise, et soudain je comprends. Je sais ce que je peux faire aujourd’hui pour me défaire du mal-être qui m’a hantée ! Si je ne dénonce pas en moi ce qui me nuit, qui le fera pour moi ? J’attendais encore qu’on me libère, mais c’est à moi d’oser ma liberté ! Je sers ma poupée ombre contre mon cœur, pauvre petite chose : c’est terminé je te le promets, je ne te ferai plus de mal et je veillerai à être là pour toi si on cherche à te blesser.

 

Voici que le moment est venu de retracer mes pas. Dans la paix de mon être, je rassemble mes trésors et remercie pour toute l’aide que j’ai reçue, puis je me félicite pour mon courage. Mon cœur déborde de joie et de reconnaissance alors que je replace les pierres là où je les avais trouvées.

 

J'entame ma marche de retour, en jouant gaiement de mon tambour. Maintenant le vent chante pour moi mes prières et mes gratitudes qui ont rejoint celles de ceux qui m'ont précédée en ces lieux.



25/04/2021
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